Des lecteurs

« Vichy, la pègre et les nazis »

Texte par Jacinthe  Aguettant   26 09 2013   temple St Martial  avec I. Lewendel et B. et D. Weisz

J’ai eu la chance de suivre un tout petit peu la croissance de ce livre au cours des rencontres avec Bernard et Danielle dans les ruelles, l‘entrée ou bien leur appartement puis qu’on habite le même immeuble… et ce qui était bouleversant c’est que Bernard parle toujours au présent tellement il est dans l’intérieur de ce qui s’est passé ; ça m’apprends à relativiser mes petites peurs de la vie.

C’est dans les alpages tout fleuris que j’ai lu ce livre cet été : ahurissant de voir cet écart entre la beauté de la nature et ce que les êtres humains peuvent faire comme mal.

Saisissant d’entendre des noms de personnes, de bâtiments, de rues… et de savoir que cela s’est passé il n’y a pas si longtemps que ça dans notre Provence… une vie d’homme, et que le mal venu d’ailleurs a trouvé des adeptes dans notre région : toute seule, l ‘armée allemande n’aurait pas pu réaliser une telle ignominie.

Le plus saisissant est de se dire que ceci s’est passé dans un pays qui se dit chrétien, qui prône l’amour du prochain et même l’amour de l’ennemi !

En tant que chrétienne, de ma petite place,  je vous demande pardon pour tant de mal. Personnellement je n’ai eu  le courage de regarder vraiment cette horreur qu’à l’âge de 50 ans …

Il est vital de  créer des moments comme celui-ci  pour rendre compte de la réalité vécue par des êtres humains que l’on a traqués et menés à la mort…  détruisant avec eux leur famille.

Une plaie qui n’est pas découverte, reconnue, et dont on ne s’occupe pas ne peut pas se guérir ;

c’est  justice que de regarder ensemble cette immense blessure ; elle continue à faire souffrir beaucoup de monde ;  quelque fois on entend dire « ah mais c’est du passé »… non elle est béante encore cette blessure

Cela ni pour juger, ni pour condamner, même pas pour féliciter peut être, chacun est responsable de lui-même, mais dans le but :

  • d’une part de reconnaître, de rendre compte (pas de régler des comptes) de rendre compte des horreurs : quand une faute est en partie reconnue, mise à jour, cela adoucit la souffrance et aide à se relever, ceci pour la victime et aussi pour le bourreau.
  • et d’autre part, ensemble, de se servir de ce passé comme tremplin pour créer un avenir plus humain ; oui ce passé nous apprends  que nous portons une grande responsabilité celle de donner la vie ou bien la mort … pour nous même et pour notre frère, et  qu’il nous faut nous mettre au travail en toute lucidité et honnêteté  et aujourd’hui

De fait c’est urgent,  il est bien visible en ce moment que de pareils sentiments  et mises à l’écart sont en train de renaître, et de plus, dans certains cas, sans même provoquer l’effroi !

Que ce livre et cette réflexion soit : remise en cause de notre conscience profonde :

Se dire : « En conscience comment est ce que je réagies, comment au long des jours j’essaie  de rejeter ma duplicité,  mes peurs mesquines, comment j’ose prendre le parti de l’autre en danger ? »

En effet ce livre montre que le mal est très présent dans l’être humain, que toutes et tous on en est capable.

Et parfois c’est un  mal en spiral,  le mal qui se sert du mal  comme pour ces hommes  de la pègre qui n’ont  pas eu de famille, qui n’ont jamais été construits. C’est stupéfiant.

    Veiller à chaque instant pour grandir dans le respect de soi et de l’autre, c’est bien sur cette route que  vous, nos frères ainés dans la foi, vous nous proposez de marcher.

Au jour d’hui nous voulons vous remercier d’avoir pendant des siècles  accueilli et rédigé les Ecritures,  et d’avoir donné à l’humanité la Parole, le Verbe fait homme dans votre peuple, Lui  notre Bien Aimé frère et Seigneur Jésus Christ. 

Et merci pour  ce livre, ce travail si minutieux et vrai ; merci d’être là aujourd’hui, nous aidant dans ce chemin de vie.

 Christian Coudair, Formateur publics en difficulté :

J' ai presque achevé la lecture du livre sur la traque des Juifs en Vaucluse.

Je savais que la volonté politique de tourner la page avait conduit, dès 1946-47, à un abaissement important du niveau des peines prononcées, mais tout de même.... Que des personnes condamnées à mort par contumace en 45 aient pu être acquittées, ou condamnées à des peines dérisoires, lorsqu'elles se sont présentées six ans plus tard, c'est hallucinant.

Je mesure mieux aussi l'épaisseur de cette prégnance antisémite dans laquelle vivaient les Français depuis longtemps et que l'on retrouve, après la Libération, jusque dans le ton et le vocabulaire de témoignages et de procès-verbaux...

Je n'aurais quand même pas cru qu'en décembre 44, des employés du CGQJ demanderaient à être réintégrés dans leurs fonctions pour reprendre leur travail interrompu de "salubrité" !!!

Ni qu'un M. Aimé Autrand, acteur de premier plan en août 42, ait pu ensuite, dans le cadre d'un comité d'histoire insoupçonnable, établir une liste de déportés faisant autorité.

Quel accablement a dû être celui des survivants, devant un tel mépris (un mépris naturel, comme allant de soi) pour ce qu'ils ont vécu ! La haine, c'est une chose, mais cette attitude d'indifférence vaguement agacée des magistrats, des enquêteurs, mais aussi - plus que certainement - des collègues et des voisins (et qui semble dire : "Encore bien beau que vous soyez là, vous n'allez pas vous plaindre ?"), comment ont-ils pu la vivre ?

Sur la sous-traitance de la traque aux voyous de Marseille et d'ailleurs, c'est encore l'antisémitisme banal (non idéologique) de beaucoup de ces gens qui me frappe. Des propos tels que "je n'ai pas fait arrêter de Français" sont éclairants.

Crois-tu que nous soyons parfaitement au clair, aujourd'hui, dans la compréhension de ce qui s'est passé dans notre pays ?

En attendant, quelle somme ce travail, ce bouquin ! Je me demande combien de temps ont dû prendre, ne serait-ce que la recherche, la compilation et l'analyse des infos, le dégagement de leur sens ...

Michel Séméniako, photographe :

Ce petit mot pour vous dire que je viens de terminer le livre , à petite doses, un peu tous les soirs. C’est sûr que pour s’endormir, il y a mieux. Mais c’est de l’histoire, non plus vue d’en haut, au travers de filtres héroïques et militants ... avec des salauds bien référencés. Là, c’est un retour au quotidien... 

Et tout cela bien ancré dans un bout de territoire, presque dans les gènes.

Pierre Bonvalet, historien Maquis Ventoux :

Vous avez réalisé  un formidable travail sur un sujet géographiquement limité.

J'avais quelques connaissances sur le sujet mais j'ignorais l'activité frénétique de ces renégats et encore plus la longue corde des services allemands.

Votre édition aux USA? Le Vaucluse à l'échelle américaine est un confetti. Je vous souhaite vivement un succès. Des universitaires, des historiens spécialisés ne peuvent qu'être intéressés.

André Naquet, assureur :

Passionnant votre livre! Passionnant. Je les ai connus ces gens! tout ça me parle.

Henry Laget, cadre de banque :

On ne peut pas le lire d'un trait ce livre. Il faut le prendre, le poser, tant de noms, une telle densité.

Ce travail, ça m'a estomaqué! Comment faire un travail pareil. Ce bouquin va marquer.

Michèle Massonnet :

Je suis une des dernières à savoir qui est qui. Mais je découvre aussi beaucoup de noms que je

ne connaissais pas. C'est un livre d'archives. C'est un livre qu'on doit posséder.

Françoise Haziza :

Je suis émue, bouleversée! Mon père qui a été traqué par ce Lebon, ne m'a jamais parlé de lui.

Il y a une méconnaissance de tout ça. Aussi j'aime beaucoup cette façon d'en parler. Cette insistance

sur le local m'intéresse au plus haut point. Je voyage dans ce livre. Je ne le lis pas dans sa continuité.

Salomon Péraria :

C'est un travail phénoménal. Je suis pris dans ce livre. Je me vois dans ces circonstances. On a la connaissance + l'émotion. J'ai vécu dans cette atmosphère de peur, de délation. Klarsfeld dit qu'il a lu le livre en une journée, il a dû le lire de travers. Moi, je le prends, mais pas des heures entières.

Je m'attache à tous les mots. Je suis imprégné. Je reprends des passages. Je n'arrête pas de le lire.

C'est un travail formidable. Un travail de référence pour les chercheurs.

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